Introduction
Tu aimes le trail et tu veux enfin progresser pour avaler les côtes à pleine vitesse et franchir la ligne d’arrivée avec le sourire ?
Il y a trois ans, j’ai terminé ma première course nature de 10 km à bout de souffle. Mon “entraînement” de l’époque se résumait à courir deux ou trois fois par semaine à fond pendant 5 km, avant de m’arrêter plusieurs semaines à cause d’une périostite (ces fameuses douleurs aux tibias que redoutent tous les coureurs).
Puis j’ai commencé à suivre un véritable plan d’entraînement trail, structuré et progressif. En quelques mois, mes performances ont explosé et mes blessures ont (presque) disparu.
Dans cet article, je te partage les cinq séances d’entraînement trail qui m’ont permis de progresser rapidement, de renforcer mes jambes et d’en finir avec les blessures récurrentes.
On va parler puissance, vitesse, endurance, mais aussi récupération et plaisir — parce qu’en trail, progresser sans se faire mal, c’est tout un art.
Sommaire
- 1. Pourquoi l’entraînement en trail est différent de la route ?
- 2. Les 5 séances essentielles pour progresser
- 3. Conclusion – Le secret du progrès en trail : la constance, pas la perfection
1 – Pourquoi l’entraînement en trail est différent de la route
La différence majeure entre le trail et la course sur route, c’est le dénivelé.
En trail, il faut savoir gérer son allure aussi bien dans les montées que dans les descentes — et crois-moi, ces dernières ne sont pas à sous-estimer 😄.
Il y a quelques mois, j’ai couru un trail de 24 km avec 1 000 m de D+, alors que je venais de terminer une préparation pour un 10 km route.
Résultat : aucune séance de côte dans les jambes… et des douleurs musculaires terribles dès la mi-course.
Dans la dernière descente, les quadriceps en feu, j’ai dû marcher jusqu’à l’arrivée — en perdant une dizaine de places sur les derniers kilomètres.
Cette expérience m’a appris une chose essentielle :
👉 en trail, ton corps doit être préparé au terrain que tu vas affronter.
Monter, descendre, relancer, encaisser les chocs — tout cela s’entraîne. C’est ce qui fait la beauté et la difficulté du trail.
C’est pourquoi un entraînement trail spécifique, varié et progressif, est indispensable pour éviter les blessures et garder de la force jusqu’à la fin.
Les séances que je vais te présenter sont justement conçues pour ça : t’aider à t’adapter au terrain et à gérer ton effort du départ jusqu’à la ligne d’arrivée.
2 – Les 5 séances clés pour progresser en trail
1 – Sortie longue en terrain varié

Objectif : Développer ton endurance, apprendre à gérer ton effort sur la durée et t’adapter aux variations du terrain.
Pourquoi elle est indispensable :
En trail, ce n’est pas seulement la distance qui fatigue, mais la combinaison du temps d’effort + du dénivelé + du terrain irrégulier.
La sortie longue permet à ton corps de s’habituer à courir pendant plusieurs heures, à gérer ton rythme dans les montées, et à garder de la lucidité en descente.
C’est aussi lors de ces sorties que tu apprends à écouter tes sensations, à gérer ton alimentation et ton hydratation – des compétences clés le jour de la course.
Exemple concret de séance :
- Durée : 1h à 3h selon ton niveau et ton objectif.
- Terrain : Alternance de chemins, montées et descentes, sections techniques si possible. Selon l’endroit où tu vis, choisis un parcours avec plus ou moins de dénivelé.
- Intensité : 80% du temps en aisance respiratoire (”je peux parler” et ma fréquence cardiaque ne s’enflamme pas), 20% un peu plus soutenu (si tu ne ressens pas de douleur ou trop de fatigue).
💡Astuce : cours à la “sensation”, sans te fixer une allure stricte (compliqué sur terrain varié avec du dénivelé positif). Observe plutôt ton souffle et ton ressenti musculaire. C’est la meilleure manière d’apprendre à doser ton effort – la base de la performance en trail.
Petit retour d’expérience :
Pendant ma première année de course à pied, je n’ai jamais dépassé les 5km sur une séance et courir pendant deux ou trois heures était impensable, trop long. Petit à petit, j’ai augmenté les distances et brisé ces barrières mentales qui me limitaient pour atteindre des sorties longues de plus de 3 heures (et y prendre plaisir).
A retenir :
- 1 sortie longue par semaine suffit (selon ton objectif, si tu prépares une course longue distance, il est possible de faire des Week-End choc, ou on effectue deux ou trois sorties longues d’affilée en fin de semaine).
- Choisis la distance en fonction de ton niveau et de ton envie, cela doit rester un plaisir.
- Varie les terrains et le dénivelé.
- Entraine-toi à basse intensité pendant au moins 80% (si ce n’est 100%) de ta sortie.
2 – Vo2 Max en côtes (ou côtes courtes)

Objectif : Développer ta puissance, booster ton “moteur” (la Vo2 Max → Retrouve un article sur le sujet en cliquant ici) et améliorer ta foulée.
Pourquoi elle est cruciale :
En trail, les montées sont les passages les plus exigeants.
Elles sollicitent ta force musculaire, ton système cardiovasculaire et ta gestion mentale de l’effort.
La séance VO₂ Max en côtes te permet d’améliorer ton “moteur”, c’est-à-dire ta capacité à consommer et utiliser l’oxygène efficacement.
👉 En clair : plus ta VO₂ Max est élevée, plus tu montes vite à la même sensation d’effort.
Exemple concret de séance Vo2 Max en côtes :
- Echauffement : 15-20 min de footing + 3 accélérations progressives (30”-1’)
- Corps de séance : 8 à 10 x 45 secondes de montée à intensité élevée (90% de ta capacité max) / récupération en descente au petit trot ou à la marche (1 min 15 à 1 min 30).
- Retour au calme : 10 à 15 min de footing léger.
💡 Astuce : choisis une côte régulière, ni trop raide (8–10 % c’est parfait), et reste concentré sur la qualité de ta foulée : cadence élevée, regard loin devant, posture droite.
Petit retour d’expérience :
La première fois que j’ai intégré les côtes courtes, j’ai eu les jambes en feu… mais aussi une sensation de puissance incroyable quelques semaines plus tard.
Aujourd’hui, je fais régulièrement ce type de séances que j’apprécie particulièrement (séance courte, haute intensité). Bien que je varie les durées des intervalles (30” de montée pendant la reprise, jusqu’à 1’ quand la forme est revenue).
A retenir :
- 1 séance VO₂ Max en côte toutes les 1 à 2 semaines.
- Reste concentré sur la qualité d’exécution, pas sur le nombre de répétitions. Tu dois gérer ton effort de telle sorte à ce que ta dernière répétition soit au moins aussi rapide que la première.
- Sensation recherchée : essoufflement fort mais contrôle total du geste.
- Progression rapide garantie avec cette séance.
3 – Seuil en côtes (ou côtes longues)

Objectif : améliorer ton endurance de puissance et ta capacité à maintenir un effort soutenu plusieurs minutes d’affilée.
Pourquoi cette séance change tout
En trail, les montées ne durent pas toujours 45 secondes… parfois c’est 5, 10 voire 20 minutes d’ascension continue.
Pour les encaisser sans t’écrouler, tu dois apprendre à travailler au seuil, c’est-à-dire juste en dessous de ta zone rouge : l’intensité la plus élevée que tu peux tenir sur plusieurs minutes.
Cette séance renforce ton cœur, ta capacité musculaire, et surtout ton mental.
Elle t’apprend à gérer la douleur “supportable” de l’effort long — celle du vrai progrès.
Exemple concret de séance de seuil en côtes :
- Echauffement : 15-20 min de footing + 3 accélérations progressives (30”-1’)
- Corps de séance :
- 3 à 4 × 5 minutes de montée à allure soutenue (80–85 % de ta FC max)
- Récupération : descente en footing lent ou marche (3-4’ ou durée de la redescente)
- Retour au calme : 10 à 15 min de footing léger.
💡Astuce : si tu n’as pas de côte longue, fais-la sur tapis avec 5–8 % d’inclinaison, ou sur une boucle avec un segment de montée répétable.
Concentre-toi sur la régularité d’allure : pas de sprint, mais un effort continu, stable, et maîtrisé.
Petit retour d’expérience :
C’est à mes yeux la séance la plus importante pour progresser en trail. Le temps passé à haute intensité sur la séance est important, et permet de progresser considérablement en montée.
Pour le constater, tu peux effectuer cette séance régulièrement sur la même bosse et observer tes progrès.
Pour l’intégrer à ton plan d’entrainement, tu peux par exemple faire la séance Vo2 Max en côte une fois par semaine en début préparation, et la remplacer par cette séance après quelques semaines.
A retenir :
- 1 séance de côtes longues peut-être entrainé toutes les semaines ou deux semaines en période de préparation pour un trail avec du dénivelé.
- Objectif : tenir un effort “dur mais constant”
4 – Le renforcement musculaire spécifique en trail

Objectif : renforcer les muscles clés du trail pour améliorer la stabilité, encaisser les chocs en descente et prévenir les blessures.
Pourquoi c’est indispensable
Le trail, c’est une succession de montées, descentes, appuis instables et relances.
Chaque pas sollicite les quadriceps, les fessiers, les mollets et les muscles stabilisateurs du tronc.
Sans un minimum de renforcement, tu risques :
- les douleurs aux genoux et aux chevilles,
- la fatigue musculaire prématurée,
- et la perte d’efficacité dans les descentes.
👉 Le renforcement, ce n’est pas “du bonus” : c’est ton assurance anti-blessure et ton booster d’endurance musculaire.
Exemple concret de séance (à faire 1 à 2 fois par semaine)
Échauffement : 5 à 10 minutes de mobilité articulaire (cercles de hanches, chevilles, squats lents).
Corps de séance :
| Exercice | Objectif | Séries × Répétitions |
|---|---|---|
| Squats sautés | Puissance des jambes | 3 × 12 |
| Fentes avant / arrière | Stabilité + fessiers | 3 × 10 par jambe |
| Montées sur banc / marche | Force + coordination | 3 × 10 par jambe |
| Gainage frontal + latéral | Stabilité du tronc | 3 × 45 sec |
| Planche dynamique (mains / pieds alternés) | Proprioception | 2 × 45 sec |
💡 Astuce : adapte le nombre de répétitions à ton niveau, et sache qu’il n’est pas nécessaire d’aller à l’échec au cours de la séance pour progresser et limiter le risque de blessure.
À retenir
- 20 à 30 minutes, 1 à 2 fois par semaine suffisent.
- Priorise les exercices polyarticulaires (qui mobilisent plusieurs groupes musculaires).
- Le renforcement est aussi important que la course elle-même.
- C’est ta garantie de progression durable sans blessure.
5 – L’endurance fondamentale : la clé d’un progrès durable

Objectif : développer ton endurance, améliorer ta récupération et rendre tes sorties plus efficaces à long terme.
Pourquoi cette séance est la plus sous-estimée
Beaucoup de coureurs pensent qu’il faut courir vite pour progresser vite.
Erreur classique !
En réalité, c’est l’entraînement lent — l’endurance fondamentale — qui permet de construire un moteur solide, d’améliorer la circulation sanguine, de brûler plus efficacement les graisses et de récupérer entre deux séances intenses.
👉 C’est simple : plus tu passes de temps à basse intensité, plus ton corps devient endurant et plus tu retardes la fatigue.
Exemple concret de séance d’endurance fondamentale
- Durée : 20 min à 1 h selon ton niveau et ton planning.
- Intensité : allure facile (zone 1–2, environ 65–75 % de ta FC max). Si tu peux tenir une conversation sans être essoufflé, tu es dans la bonne zone.
- Terrain : chemins roulants, sentiers, ou un peu de dénivelé doux.
- Fréquence : 1 à 2 fois par semaine — c’est la base de ton volume d’entraînement.
💡 Astuce : ne regarde pas ta montre. Cours à la sensation. Laisse ton souffle te guider — c’est le meilleur indicateur de ton endurance réelle.
Petit retour d’expérience
C’est l’absence d’endurance fondamentale dans mon entrainement qui m’a causé des blessures lorsque j’ai débuté la course à pied. Cette séance est indispensable pour progresser et maximiser son volume d’entrainement sans risquer la blessure.
Pour ceux qui font 3 séances par semaine, je vous recommande une séance d’intensité (Vo2 Max ou Seuil), une endurance fondamentale et une sortie longue. Et si tu souhaites ajouter une quatrième séance, ajoute une endurance fondamentale, cela suffira à faire la différence et booster ta progression.
A retenir
- Intensité faible = progrès durables.
- Idéale pour la récupération et la prévention des blessures.
- C’est la clé invisible de tous les bons traileurs
Conclusion – Le secret du progrès en trail : la constance, pas la perfection

Le trail, c’est un sport d’équilibre : entre effort et plaisir, intensité et patience.
Ces cinq séances — sortie longue, VO₂ Max en côtes, travail au seuil, renforcement musculaire et endurance fondamentale — sont les piliers d’un entraînement trail complet.
L’erreur classique, c’est de vouloir tout faire trop vite.
Mais la vérité, c’est que les progrès viennent de la régularité, pas du volume ou de la souffrance.
30 à 45 minutes bien faites valent mieux qu’une semaine sans cohérence.
👉 Commence par intégrer une seule de ces séances dès cette semaine.
Observe ton ressenti, adapte, progresse à ton rythme.
En résumé :
- Sortie longue : endurance et adaptation au terrain
- VO₂ Max en côtes : puissance et explosivité
- Côtes longues (seuil) : résistance et contrôle de l’effort
- Renforcement musculaire : prévention des blessures
- Endurance fondamentale : base de ton moteur
Pour aller plus loin :
➡️ Découvre mon article [“Qu’est-ce que le RPE en course à pied ?”] — une méthode simple pour apprendre à t’entraîner à la sensation sans cardio ni montre.